dimanche 26 avril 2009

Avril

Le maïs est au semoir
le blé en herbe
le colza en fleurs…

mardi 7 avril 2009

La véritable légende de Saint Nicolas

(Pourquoi le boucher aurait-il été un méchant homme ?)


Il y a bien longtemps, au troisième ou quatrième siècle, vivait en notre bonne terre lorraine une famille d'éleveurs. Deux moutons, une vache, c'était peu pour faire vivre la famille, et le père, plus porté sur la piquette du coteau que sur le lait de sa vache, ne s'épuisait point à la tâche.
Un jour, alors qu'il cuvait sa vinasse en se tordant sous les crampes de son estomac, il fut plus excédé que d'habitude par les cris de ses trois filles qui se chamaillaient comme de coutume !

- Allez donc, leur hurla-t-il, chercher quelques épis dans les champs moissonnés à côté d'la forêt. Au moins vous serez utiles à quelque chose.

Réjouies par la perspective d'une belle équipée estivale, les niardes s'esbaudirent dans la campagne, cueillant fleurettes et se bâfrant de mûres et de framboises sauvages mais oubliant de glaner aux champs. L'heure tardive les surprit de l'autre côté de la colline. La plus petite se mit à trépigner, la seconde à pleurer, quand la plus grande aperçut une lueur dans un village inconnu.
Frappèrent à la porte où apparut un gros boucher rougeaud et jovial.

- Boucher, boucher, voudrais-tu bien nous loger ?
- Entrez, entrez dit le boucher, j'ai de la place assurément !

Tandis que les donzelles se réchauffaient avec une bonne soupe au chou agrémentée d'un morceau de lard comme elles n'en n'avaient jamais mangé, elles se confièrent :

- Boucher, boucher, père boit plus qu'il ne faut, mère nous frappe de son gourdin : pourrais-tu bien nous loger ?

- Dans mon saloir, il y a de la place assurément. La pièce est grande. A votre faim serez nourries mais vous n'en sortirez… Votre père ne vous trouvera point ici.

Sept ans plus tard, Saint Nicolas, égaré en Lorraine sur le retour vers Myre, s'en vint frapper chez le boucher.

- Boucher, boucher, pourrais-tu bien me loger ?
- Entrez, entrez, dit le boucher, y'a de la place assurément.

Le boucher ouvrit la porte du grand saloir afin de quérir un morceau de choix pour son hôte. Saint Nicolas s'étonna du ronflement qui en sortait et reluqua, curieux, dans la pièce. Il y découvrit trois jeunes filles bien dodues et grassouillettes qui dormaient béatement dans un grand baquet de bois entre saucisses et jambons. Elles s'éveillèrent aussitôt s'étirant toutes trois comme des chattes alanguies.
La première dit : "j'ai bien dormi !" La seconde "et moi aussi !". "Je me croyais encore au paradis", dit la plus jeunette.

- Je suis le grand Saint Nicolas, sur chemin de l'Asie mineure.
- Grand Saint Nicolas, s'exclama le trio ! Pouvons-nous vous suivre vers les terres lointaines, et échapper ainsi aux cris de notre père et aux bastons de notre mère ?
- Venez, venez, à l'Orient, il y a de la place assurément !

C'est pour cette raison que Saint Nicolas est aussi patron des jeunes filles et des voyageurs !