mardi 22 février 2011

Verdun (1/3 - Downtown )

C'est l'acquisition providentielle de billets d'entrée gratuits au mémorial expirant fin février qui ont conduit nos pas, ou plutôt nos roues, à Verdun ce jeudi 17 février.
Il faisait plutôt frisquet et la sensation de froid était aggravée par un petit vent du nord qui longeait perfidement la Meuse et par le manteau un peu trop léger que j'avais enfilé à la hâte en partant. J'avais cru naïvement que le lendemain d'un si printanier mercredi serait aussi doux que la veille !

La ville somnolait dans une torpeur grise et brumeuse que quelques passants pressés, emmitouflés dans des manteaux noirs, animèrent sur le coup de midi. Nous aurions été visiblement les seuls touristes sans ce couple aux yeux d'Asie qui prenait des photos du fleuve depuis le pont Fernand Legay ! Engoncée dans mes préjugés, j'imaginais que ce ne pouvait être que des touristes Japonais !
J'eus au passage une pensée émue pour le pont provisoire que j'avais connu avant celui-ci dans le milieu des années 50 et de l'inauguration en grande pompe du pont tout neuf, avec les vibrations produites par les soldats marchant au pas qui avaient résonné intensément dans ma jeune poitrine.
Je tendais presque l'oreille pour entendre au loin le canon dont un grondement lointain n'eut pas paru si anachronique ! À quelques jours près c'était l'anniversaire de la première offensive allemande. Mais non, Verdun était bien paisible. Entre la porte Chaussée et le marché couvert, le tour du centre ville fut vite fait.
(Rue Mazelle)

Le Saint Hubert, restaurant ouvrier de la rue des Gros Degrés que je fréquentais dans les années 73/74 et dont je conservais un bon souvenir n'existant plus, il y avait encore le choix pour déjeuner. Snobant la table du Coq Hardi, l'heure n'étant pas à la gastronomie, nous sommes rentrés dans un petit restaurant du quai de Londres qui nous a paru bien agréable avec ses nappes à carreaux rouges et ses grappes d'ail et d'oignons pendues au plafond. Quelques habitués et le couple aux cheveux couleur d'ébène ne remplissaient pas vraiment la salle. Le café avalé, renonçant à une promenade en ville Haute, nous avons regagné la voiture qui nous attendait rue Saint Sauveur, presqu'en face de l'ancienne entrée du lycée Margueritte, tout en empruntant le chemin des écoliers. Je garde un souvenir confus de ce vieux quartier du temps où les promenades d'internat du jeudi et du dimanche n'ont laissé dans ma mémoire que les images sombres des fortifications et celles plus chaleureuses de la boulangerie dont parfois les "pionnes" nous autorisaient l'accès, seul agrément de ces après-midi bien moroses.

Contournant le pâté de maisons, j'ai retrouvé le portail métallique de l'entrée des externes par lequel je pénétrais dans la cour du lycée le lundi matin ; le dimanche soir, c'était par l'entrée d'honneur. J'avais onze ans. Tout à côté, des canards s'ébattaient en toute liberté sur le canal Saint Airy dédaignant un tapis qui séchait sur un parapet.

Puis nous sommes "montés" en forêt en passant par le Faubourg Pavé dont je n'ai reconnu en passant que le cimetière militaire, débarrassé de son environnement de casernes et de bars à soldats américains des bases de l'OTAN qui avaient succédé aux "Sammies".